Dentelle de Milan XVIIe siècle / Milan lace, 17th century
STATEMENT
Marie Belgacem is a visual artist whose current work is inspired by the traces and imprints left by objects.
‘An imprint signifies both presence and absence, remembering and forgetting, the past and the present. On leaving behind a trace or imprint, an object leaves behind its disembodied essence. Those physical marks of absence are suffused with reminiscence and emotion and the parted object acquires new meaning.’
Marie Belgacem’s artwork pays homage to the lace-makers and embroiderers of past centuries, those unsung craftswomen who toiled away in the background, humbly forging masterpieces.
She has developed a natural substance which can etch a lasting imprint of the original lacework without damaging it in any way.
Over the years, Marie Belgacem has collected many samples of handmade antique lace. Her intention is to reclaim this forgotten marvel of artistic heritage through unique pictures and objects using new variations on techniques involving imprints.
The artist’s technique explore a wide variety of materials such as marble powder, sand, paper, clay, wood, combined with oil and acrylic paint, ink and pigments.
Made without a mould or machine, each piece of art is unique.
All the lace and embroidery used by the artist were painstakingly made by the ‘expert hands’ of anonymous women, from the 17th to the early 20th century.
DEMARCHE ARTISTIQUE
Pour Marie Belgacem L'empreinte symbolise à la fois l’idée de présence et d’absence, de souvenir et
d’oubli, de passé et de présent. L’objet imprimant sa trace dépose avec
elle un univers immatériel chargé de mémoire, créant ainsi du sens par
son absence
.
Ayant mis au point des techniques lui permettant de prendre une empreinte sans détruire l'objet original, l'artiste perpétue la transmission de l'art dentellier et, réinscrivant le passé dans la modernité, transforme ce textile éphémère en hommages pérennes.
N'utilisant ni moule ni machine, chaque empreinte est unique et capture les jeux de mains des dentellières, de leur assurance et de leurs hésitations.
Toutes les dentelles et les broderies utilisées par l'artiste ont été patiemment réalisées aux fuseaux et à l’aiguille, entre le XVIIe siècle et le début du XXe siècle, par les mains expertes de femmes anonymes.
Elles en parlent si bien !
"De toutes les manifestations du génie inventif, aucune n’a jamais, comme la dentelle, pu s’élever au rang d’une grande manufacture qui mobilisa des milliers d’ouvrières et de marchands, suscitant la rivalité entre les états, alertant les économistes et les ministres, allant jusqu’à rompre, dans certains pays, l’équilibre des finances publiques, provoquant la fortune des entrepreneurs et la ruine de ceux qui, assoiffés de luxe «portaient leurs moulins et leurs terres sur les épaules»". Marie Risselin conservateur aux musées royaux d’art de Bruxelles
Laisser une trace, laisser une empreinte en écho avec une indicible envie d’immortalité...Marie Belgacem travaille le thème depuis des années avec autant de constance et d’obstination que d’imagination.
L’originalité de sa démarche situe la créatrice à la croisée du monde de l’artisan d’art, de l’anthropologue, et du chercheur. Car si Marie Belgacem donne à voir du beau, l’acte n’est pas gratuit et traduit en hommages la modestie de ces aïeules dentellières qui savaient patiemment faire éclore des merveilles.
Décoratrice de formation, Marie Belgacem a un rapport alerte aux objets. Ils l’alimentent de ces histoires d’hier et d’avant qui donnent aux esprits curieux l’envie d’en savoir plus encore. Et les dentelles anciennes racontant les jeunes filles pauvres, les orphelines dans les ouvroirs, les paysannes réfugiées dans l’hiver, charrient tant d’émotions que l’intérêt se fait passion. Collectionneuse, spécialiste, voire dépositaire, héritière de tout ce savoir manuel, l’artiste, pour prolonger le souvenir choisit de le pérenniser. Par des choix graphiques historiques comme la rayure des uniformes des couturières ou des lavandières, la croix pour l’intime emprise de la religion sur le travail d’autrefois. Par envie d’esthétique et devoir de mémoire. La rayure alors se fait voie à suivre tandis que la croix symbolise l’urgence à préserver un fragile savoir-faire.
Parce que chaque morceau de dentelle est fait d’heures de labeur et de pleurs, Marie Belgacem invente des procédés d’empreintes qui n’abiment pas le modèle original, des procédés qui réinscrivent le passé dans la modernité. Avec respect.
Naissent alors des collections étonnantes, légères, féminines. Des séries de petits carrés, échantillons de talents,que Marie Belgacem choisit précisément au format de 23 cm parce que cela lui permet d’exprimer le motif–matrice de ses dentelles. Et qui se révèlent être, quelques lectures et découvertes plus tard, la mesure exacte de la bande de parchemin vert piqueté, autrefois employé comme guide pour la réalisation de tous les volants de dentelle.
La passion ancrée dans la connaissance Marie Belgacem déploie toute sa sensibilité pour tendre un pont entre les générations, imaginer une perpétuité vitrifiée qui flatte la virtuosité modeste et l’opiniâtreté silencieuse. Avec culture et talent
Claudine Dufour-Meurisse - Responsable Espace Événementiel SCIPION
De la dentelle ancienne, elle a fait tout un art,
Embelli des noms Flandres, Alençon, Valenciennes...
Nourrie de ses enquêtes où sa passion la mène,
Toujours à la recherche d'un motif, d'une histoire,
Elle a creusé sans fin, du matin jusqu'au soir,
Les trésors du passé de cent bibliothèques...
L'histoire des dentellières, il fallait faire avec !
Inventer un domaine précieux et créatif
En des tableaux carrés et qui portent sa griffe...
Retenez bien son nom, c'est Marie Belgacem
Elle est de la dentelle, une artiste qu'on aime !
Corinne Binois - Auteure-illustratrice